BanFAOmni

FEAR AGENT-Omnibus-CHRONIQUE BD@ALAIN SALLES

PAR RICK REMENDER, TONY MOORE ET JEROME OPEÑA CHEZ AKILEOS

Fear Agent est aujourd’hui réédité dans sa version ultime, rassemblant l’intégralité de l’excellente série de Rick Remender en un seul omnibus. Un sacre pour une série plébiscitée aux qualités indiscutables et devenue classique.

Heath Hudson est le dernier des Fear Agents, intrépides résistants du Texas face à l’invasion extraterrestre. Depuis cette période révolue, il s’est recyclé dans l’extermination d’aliens sur commandes, vivant dans un vaisseau avec pour seule compagnie un ordinateur du nom d’Annie et des caisses de scotch… Une nouvelle mission plus tard, et le voilà face à un mangeur, redoutable créature, dont les congénères ont largement contribué à l’extermination de l’humanité. Aidé de Mara, la seule survivante de la station, il va faire face aux dressites, ceux-là même qui ont envoyé les mangeurs sur Terre, et qui semblent décidés à finir le travail. C’est sans compter sur la pugnacité d’Hudson qui découvre bientôt que le cours du temps n’est plus immuable, pour le meilleur comme pour le pire…

Ce titre, régulièrement encensée, est l’occasion de replonger dans les aventures spatio-temporelles du dernier des Fear Agents, émanations d’une pile de Weird Science (EC Comics chez Akileos) revisitée par des valeurs actuelles des comics : Rick Remender et Tony Moore (que relaiera Jérôme Opeña). En 2008, date de la première édition, le premier n’est pas encore devenu un scénariste à part entière chez Marvel (Punisher, A vs X, Avengers), après avoir fait les beaux jours des indépendants. Il s’associe à Tony Moore (les premiers épisodes de Walking Dead) qui partage la partie graphique avec Jerome Opeña (Lone chez Dark Horse), devenu depuis un collaborateur régulier de Remender ( Infinity, The last Days of American Crime). L’alternance de deux dessinateurs réguliers n’enlève en rien la cohérence graphique d’un récit sans temps mort qui se met progressivement en place. Si l’hommage à la culture populaire, aux dignes descendants des pulps incarnés par les EC Comics, est sans équivoque, l’histoire de Heath Hudson est celle d’un antihéros en quête de rédemption, dont le désespoir est hypothétiquement noyé dans l’alcool ou par l’adrénaline d’une tuerie de méchants aliens (les deux pouvant se cumuler). Le personnage central va rapidement prendre de l’épaisseur, et c’est au fur et à mesure du déroulement du récit que son destin va se lier à cette ultime mission qui peut tout changer (!). L’action alterne avec les émotions et Remender nous y amène le plus naturellement du monde, sans jamais forcer le trait, et en ajoutant une dose d’humour qui nous rappelle le principe fondamental qui anime ce type d’histoire : la distraction !
Et quand la qualité est au rendez-vous, vous auriez grand tort de passer à côté…

Alain Salles