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INTERVIEW MANUSCRITE #23 – MIOSSEC @ DIEGO ON THE ROCKS @ LA CABRE

INTERVIEW MIOSSEC PAR DIEGO*ON*THE*ROCKS

Christophe MIOSSEC, 11 albums à 54 ans est un artiste devenu incontournable de la scène Française. Fier d’être originaire du Finistère-Nord, il a accepté de répondre aux questions de DIEGO pour Musiques En Live avant son passage au Krakatoa de Mérignac le 3 avril 2019. Cette interview a été préparée avec l’amicale participation d’un fan de la première heure (@ LA CABRE) et les photographies sont de Julien T.Hamon (tous droits réservés).

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Merci Christophe d’accepter cette interview. Vous avez des albums qui sont devenus des références (« Boire » en 1995, « Brûle » en 2001), comment est né le dernier en date baptisé « Les rescapés » ?
MIOSSEC : Je sortais d’un disque avec de l’accordéon (« Mammifères »). Il était facile d’imaginer exactement le contraire! J’ai eu envie de refaire de la scène énergiquement, ce disque explique le dynamisme des « Rescapés ».

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : D’ailleurs qui sont ces « Rescapés » ?
MIOSSEC : Vous, moi, tout le monde! Je n’en suis pas responsable mais j’aime bien les mots qui résonnent et je trouvais que « Rescapés » avait une consonance particulière. Aujourd’hui c’est un mot qui a une drôle de résonance dans l’actualité. On peut penser à la Méditerranée, à soi-même, au métier dans la musique… à pleine de choses!

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : A cet effet, avez-vous échoué un jour ?
MIOSSEC : Oui bien sur. C’est ce qui est bien, les concerts permettent de réécrire son histoire et on est pas obligé de chanter les chansons qui ne plaisent pas (ou plus). C’est bien de ne pas jouer ses mauvais morceaux! (rires)

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : C’est clair! Dans vos disques un thème récurrent est la vie à deux, quelle soit infidèle ou dépitée. D’où vient l’inspiration ? Une douleur profonde, une lucidité, une question existentielle ?
MIOSSEC : Non non je ne suis vraiment pas particulier! Parfois j’ai l’impression que ce sont les autres qui sont bizarres. Toutes les musiques populaires, que ce soit le fado, le tango, le blues et la musique Bretonne ont une humanité qui s’exprime. Je ne fais plus beaucoup de chansons sur les relations amoureuses. La vie, l’amour sont ce qu’il y a de plus naturel à faire. C’est bizarre comme on est foutu (NdA : « l’humain ») mais je ne tiens plus du tout de bloc-notes de ma vie sentimentale comme cela a pu être le cas auparavant.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Dans « Les rescapés », vous assumez le processus de création du début à la fin ?
MIOSSEC : Oui j’ai défini les instruments au départ permettant de ne pas se perdre dans la construction de l’album.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Le son est plus brut et beaucoup moins orchestral que le disque précédent. Vous revenez à vos origines ?
MIOSSEC : J’ai 54 ans et me rends compte que je fais des vagues avec mes disques. Il faut prendre un peu de recul pour constater qu’on a des creux et des vagues.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Un titre récent comme « On meurt » a pour but de faire danser le public ?
MIOSSEC : Oui on s’amuse parfois à faire bouger la salle sur un titre qui s’appelle « On meurt ».
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DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Contradictoire ?
MIOSSEC : Complètement mais c’est comme cela qu’on devrait traiter la mort! En dansant cela ferait du bien!

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Tout comme « L’aventure », « On meurt » traite de votre vie de saltimbanque. C’est important pour vous de tourner continuellement de petites en grandes salles ? De rencontrer les fans ?
MIOSSEC : On aime vraiment cette vie de romanichel. Il faut un certain goût pour ça mais c’est une chance inouïe de faire ce métier.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : En fait c’est une vie de marin mais au lieu d’être devant la mer vous vous produisez devant des gens ?
MIOSSEC : C’est ça! C’est le même sentiment que de partir en mer. Lorsque les bateaux partent en mission, c’est pour un certain temps, ils reviennent toujours au port.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Quels musiciens vous accompagnent pour cette nouvelle tournée ?
MIOSSEC : Nous sommes quatre sur scène. Alex Borit à la guitare, Arnaud Lapret aux percussions et Raphael Thyss aux claviers.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Aucun Breton ?
MIOSSEC : Et non! Lorsque j’étais en Belgique je bossais avec des Belges. Là il y a un gars du Creusot, un Corse et un Lyonnais.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Toute la France est représentée! Comment qualifiez-vous votre relation avec Brest ? Vous en êtes l’ambassadeur avec MATMATAH!
MIOSSEC : Y’a pas que nous, y’a les marins aussi! Cela ne vient pas de moi… les Brestois sont attachés à leur ville. C’est une fierté accueillante et bien placée! Nous sommes une ville ouverte, il y a un port et nous savons recevoir. L’Atlantique est fantastique.
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DIEGO*ON*THE*ROCKS  : L’image de la ville reconstruite après guerre est enfin oubliée! Le Breton est accueillant à Brest et ailleurs! D’ailleurs vous défendez le Finistère ?
MIOSSEC : NORD! Le Finistère Nord!

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Votre nomination aux dernières victoires de la musique, c’est une reconnaissance ou vous vous en « cirez » (ciré Breton) ? (rires)
MIOSSEC : Non, le fait d’être cité est plutôt drôle. En vieillissant cela prend une signification différente car dans ma jeunesse je m’en foutais. On a l’impression de ne pas être encore mort! (rires)

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Quelles sont vos références musicales, vous êtes un spectateur de concert ?
MIOSSEC : C’est un bordel sans nom! J’écoute de tout. De la rumba aux trucs branchés! Lorsque j’était adolescent, j’écoutais du post-punk à la fin des années 70 /début 80. C’était une période marquante et je remarque qu’on écoute toute sa vie la musique de son adolescence.
En live, j’aime les petits concerts. On a besoin de piqures de rappel et de voir des gens qui font ce métier très bien. J’ai souvenir d’avoir vu CLAUDE NOUGARO en duo avec MAURICE VANDER, c’était fabuleux. J’aime beaucoup cet artiste mais il ne m’a pas influencé. Comme beaucoup, c’est un artiste inégal.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Evidemment, difficile de rester au top toute sa carrière… à part JOHNNY peut-être pour qui vous avez écrit une chanson ?
MIOSSEC : Non, même JOHNNY a eu des disques abominables. J’adore NEIL YOUNG mais il a aussi fait de mauvais disques. C’est rassurant et humanise le personnage!

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Surtout pour les autres artistes!
MIOSSEC : Seule exception : les BEATLES!

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Beaucoup de collaborations à votre actif, je pense à CALI, STEPHAN EICHER, AXEL BAUER, MAURANE, DARAN, DANI, BASHUNG et la très surprenante avec MATT POKORA! D’autres sont prévues ?
MIOSSEC : En fait pour MATT POKORA c’est simplement 2 lignes dans une chanson (NdA : « Coeur voyageur » en 2015). Sinon rien de prévu actuellement, je suis concentré sur ma tournée et ne fais qu’une chose à la fois.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : A quoi doit s’attendre le spectateur qui viendra vous voir le 3 avril au Krakatoa de Mérignac ?
MIOSSEC : J’espère que le spectacle sera intense. Le public doit s’attendre a quelque chose de totalement différent de la tournée précédente, beaucoup plus sonique et moins orchestral.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Dernière question, comment va votre santé depuis 2010 et votre sobriété acquise ?
MIOSSEC : Oui ça va. Je fais les concerts debout, j’ai fait les répétitions pendant 10 heures entre Brest, Dijon et La Rochelle et tout va bien. Le programme de 2019 sera en tournée en incluant les festivals d’été. Nous serons sur la route.

DIEGO*ON*THE*ROCKS  : Merci beaucoup Christophe, on vous retrouve toute l’année sur les scènes Françaises!
MIOSSEC : Oui merci, au revoir.

Remerciements : Virginie PARGNY / Michael CABRAL
Photographies : Julien T.HAMON