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LE CHANT DE CHAZARENC – SORTIE D’ALBUM “CANTO” – @FRANCK HERCENT

“La réputation se réduit toujours à la somme des malentendus accumulés sur son compte” nous dit très justement le célèbre philosophe Michel Onfray. Et chacun, s’il ne l’a déjà éprouvée, pourra mesurer la véracité de cette assertion… Matthieu Chazarenc, sans doute, ne doit pas échapper à la règle ! Dans son quartier, rue Baste, à Paris, pour reprendre un des titre de son album Canto. Mais en ce qui concerne sa musique, force est de constater qu’elle le devance. Et, elle est même plutôt bien entendue (le jeu de mot est facile…). Disons le tout net, au village (du jazz), sans prétention, Matthieu Chazarenc à bonne réputation.

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Et pour cause… tenez vous bien ! Et pas les oreilles. Ecoutez plutôt. Un parcours à vous mettre le tempo dans les tympans… Il commence à l’âge de 6 ans la batterie avec son père. Après le conservatoire, il sort major de sa promo au CMCN (Centre Musical et Créatif de Nancy) et part s’imprégner des rythmes New-Yorkais. Il revient au conservatoire de Toulouse, en sort avec un premier prix, le diplôme d’Etat du jazz et devient l’élève de Daniel Humair. Ensuite, inutile d’énumérer la liste des musiciens avec lesquels il croisa les baguettes ; elle est aussi longue et dense qu’un solo de Coltrane.

Il est également un fait notable. Matthieu joue avec les notes et aime les mots. On le sait, la chanson française à l’habitude de se doter des meilleurs musiciens venus du jazz… Faut dire qu’il a le bon goût des riffs et des lettres : «J’ai grandi avec des personnes comme Claude Nougaro, explique le batteur dans un article du Figaro. J’ai beaucoup écouté Brel, Brassens, Gainsbourg (…). Depuis gamin, j’ai ces chansons en mémoire». Aussi bien, vous l’entendrez aux côtés d’Olivia Ruiz ou de Charles Aznavour, l’auteur de quelque mille deux cents chansons, et qui, en 2017, put s’enorgueillir à son 93 ème été d’avoir son étoile sur le mythique Walk of Fame d’Hollywood boulevard pour l’ensemble de sa carrière…

Le compte est bon ! Le compte est bop ! Et quand on parle à Matthieu de ses influences ou d’un musicien comme Elvin Jones on sent poindre l’admiration, la reconnaissance face à cette génération de jazzmen qui ont ouvert les langages musicaux sur des mondes infinis :

A tous les chercheurs de langue
Creusez loin votre cervelle
Pulvérisez cette gangue
Jailliront des étincelles !

Filez ce précieux filon
Inaccessible aux filous
Il mène aux constellations
Ce qui les rend forts jaloux !

A coup de phrazz et de force
Fouillez le cœur de vot’ crâne
Pour que souffle dans vot’ torse
Le feu franc de la Cocagne !

C’est peut-être pour cette raison que Matthieu a attendu d’être quadra pour faire entendre son chant intérieur. Par humilité, par respect, il a prit le temps d’explorer le langage des ses comparses au lieu de vouloir, comme ferait beaucoup d’autres, s’imposer partout et sans répit. Dans ce premier album, Canto, tout en douceur, on remarque encore la posture qui met en avant et laisse se déployer son quartet : avec Sylvain Gontard au Bugle, Laurent Derache à l’accordéon et Christophe Wallemme à la contrebasse. Cette soirée au Caillou du jardin botanique de Bordeaux laisse l’écho des douceurs raffinées de la Bohème poétique intemporelle. Le Caillou, ce soir-là, se fit astéroïde propulsé par le chant intérieur de la mélodie qui surgit.

Franck Hercent

 

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