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INTERVIEW MANUSCRITE #3 – ROMAIN HUMEAU @DIEGO ON THE ROCKS

INTERVIEW ROMAIN HUMEAU                    

Cette interview initialement enregistrée visuellement est retranscrite manuellement car Romain Humeau, artiste très sympathique et attachant est prolixe. La rencontre de 40 minutes a eu lieu le 18 janvier 2018 au bar « Le Nansouty », 261 cours de la Somme à Bordeaux.

Diego :  Romain, merci de nous accorder cette interview pour Musiques En Live. Tu sortiras l’album « Mousquetaire 2 » le 25 janvier, pourquoi ne pas avoir sorti les 2 volumes en même temps ? 

Romain Humeau :  C’est ce qui était prévu. PIAS, ma maison de disque pour EIFFEL et ROMAIN HUMEAU en a décidé autrement. D’ailleurs le prochain album d’EIFFEL qui paraitra en 2018 sera le dernier avec PIAS. J’ai monté un label qui s’appelle SEEDS BOMBS MUSIC. Le but initial était de sortir « Mousquetaire » en une seule fois. Je quitte mon label sans heurt car l’intelligence est l’art de s’adapter. En ce qui me concerne j’aime tous les formats, qu’un album fasse 6 ou 30 titres c’est la même chose. La musique est une histoire de temps, pas de quantité. En fonction de la chanson sur laquelle tu tombes, les ambiances sont totalement différentes et c’est réellement ce que je voulais pour « Mousquetaire #1 et #2 », un disque turgescent. Le prochain album solo de ROMAIN HUMEAU sera totalement différent et est déjà écrit. Mon boulot est d’écrire des chansons et je m’y attache tous les jours. Je ne dis pas cela pour être vantard, je trouve cela normal et pas besoin de se fixer l’objectif d’un disque tous les deux ans. J’écris, j’enregistre, je donne des concerts et le projet suivant arrive. Le but premier de la musique n’est pas d’avoir des tunes même si on en a tous besoin (rires).

Diego : « Mousquetaire #1 » avait des sujets difficiles comme l’assassinat d’une journaliste Russe, quels sont les thèmes du volume 2 ? 

Romain Humeau : Comme dans le film « Les ailes du désir », tu as un ange qui se ballade, passe par les fenêtres et entre dans la vie des gens. C’est cet esprit là que je recherchais en composant ce nouvel album. En fait au début je parle de moi, je commence à voyager vers les autres et je prends des instantanés de vie. Dans « Mousquetaire #2 », il y a un titre comme « Smartly stupid » en duo avec SLOMY qui est écolo et loin de « Politkovskaia » du #1 que tu citais. C’est une ode à la nature où tu as envie de mettre ton iPhone au feu… je critique pas, j’en ai un aussi! Le but est de créer et d’utiliser les choses à bon escient. Le récent titre « Artichaud » parle du suicide, ce moment où cela ne va pas et tout peut basculer. Beaucoup remontent la pente mais certains n’y parviennent pas, on en connait tous. Le but d’une chanson est de donner la main aux gens. Je m’attache a écrire avec complexité en Français pour que cela soit imagé. J’en suis incapable en Anglais, je suis trop mauvais. J’adore ces deux outils et me permets d’être exigeant en Français car je n’ai aucune chanson qui ne veut rien dire, il faut savoir lire entre les lignes. Je dis cela en toute humilité. Il faut parfois plusieurs écoutes et j’aime l’idée de ne pas être le seul créateur. Il est important que l’auditeur s’approprie la chanson et finisse son histoire en fonction de sa compréhension, nous n’avons pas nécessairement la même. J’aime la poésie.

Diego : Scéniquement parlant, quelle sera la différence entre les tournées « Mousquetaire #1 et #2 » ?

Romain Humeau : Il n’y aura pas de différence de musiciens, ce sont les mêmes. Par contre je ferais peut-être une tournée solo d’une dizaine de dates pour finir. Je l’avais fait il y a une dizaine d’années avec une guitare électrique, le but était de jouer fort, très fort. Comme FRANCIS BLACK des PIXIES. Sur scène y’a EIFFEL avec une équipe et ROMAIN HUMEAU avec une autre même s’il y a des éléments en commun. Pour le live, j’ai 4 musiciens et avec eux je peux tout faire. On peut faire des choses de dingue et je n’ai pas les moyens de choisir par projet tel ou tel musicien. Il faut connaitre les personnes pour jouer avec, j’ai le soucis du détail. L’humain, l’amitié c’est primordial et indissociable de l’exigence. Je le suis avec mes musiciens, ils le sont avec moi et n’hésitent pas à me le dire.

Diego : Lorsque tu écris un titre, comment sais-tu qu’il sera pour EIFFEL, ROMAIN ou un autre ?

Romain Humeau : Perso je me fous qu’ EIFFEL soit plus connu que ROMAIN HUMEAU. Quand je prends mon piano où ma guitare, je ne sais pas nécessairement pour qui ce titre est destiné. Au fil de l’écriture je sens pour qui sera le titre et l’affine pour qu’il soit en adéquation avec le projet. En 4 ans j’ai fait beaucoup de projets solo et en ce qui concerne les compositions du dernier EIFFEL qui sortira cette année, je les ai composé pour le groupe. Ce sera un album rock n’roll comme on en a jamais fait. Même si j’aime toujours le punk, le rock n’roll actuel m’intéresse de moins en moins, la santiag n’est plus! Moi ce que j’aime dans le rock n’roll c’est les STOOGES, PIXIES, XTC. Pas d’arrangement et un son assez brut.

« Mousquetaire #2 » est une liberté totalement différente. J’aime naviguer d’une situation à l’autre, trop ou pas assez de liberté. Faire ce que l’on veut seul est une liberté qui permet de se retrouver fasse à un mur. La série « Mousquetaire » est probablement la dernière que je ferais de ce genre, les prochains seront un mélange de punk et de pop-machine. L’idée d’un texte à la Française avec une production à la GORILLAZ est motivante et contrastée. Un titre comme « Imagine » de LENNON n’a aucun sens en Français. Le rock Français genre « 2 notes qui montent » me gonfle. Il m’arrive de le faire mais j’essaie d’être plus hétéroclite. J’aime brouiller le pistes. BREL, FERRÉ et HIGELIN sont capitaux.

Diego : As-tu adapté sur scène « Vendredi ou les limbes du pacifique » sur scène avec Denis Lavant ?

Romain Humeau : Je l’ai joué quelquefois à Paris, Avignon et Gradignan avec Denis Lavant.

Diego : D’ailleurs Denis Lavant avait joué avec Sergio de NOIR DESIR en 2006 sur le même principe.

Romain Humeau : Oui, je l’avais vu. J’ai joué avec Denis sur d’autres projets notamment à Marseille. On avait interprété le titre « Modern love » de Bowie adapté d’un film avec Michel Piccoli. La scène d’introduction est de toute beauté et Denis Lavant figure au casting.

« Vendredi ou les limbes du pacifique » est un roman de Michel Tournier de 1967 qui a eu un gros succès. Tournier a obtenu le prix Goncourt et le grand prix du roman de l’Académie Française. Le jour de sa mort (Nda : 18 janvier 2016), aucun média ni politique n’a parlé de lui, écoeurant. Lorsqu’on voit comment sont distribuées les légions d’honneur, cela fout les boules.

Diego : Quels souvenirs gardes-tu de tes collaborations avec Bernard Lavilliers ?

Romain Humeau : Depuis 2012, nous nous fréquentons régulièrement. Il m’a demandé il y a 4 ans de réaliser des titres pour « Baron samedi », nous ne nous connaissions pas. Un midi je me suis retrouvé à table avec Bernard et Pierre Richard. Un super moment où Pierre marchait (involontairement) sur son écharpe comme dans ses films.

Ensuite j’ai bossé avec Bernard sur son album acoustique puis sur « 5 minutes au paradis », dernier disque en date.

Diego : Pourrais-tu éventuellement apparaitre en guest lors de son concert à Bordeaux dans la nouvelle Aréna en mars 2018 ?

Romain Humeau : Il me semble que j’ai un concert ce soir là… On a déjà joué à France Inter et pour « Taratata » ensemble. Nous avons également joué « Idées noires » avec Catherine Ringer et « Gaby » de Bashung. Bernard est un mec fabuleux qui à l’âge de mon père mais on ne sent pas les générations. J’adore ça. On vieillira tous mais Bernard vit à l’Africaine. C’est un super ami, un chouette type qui s’intéresse. Il a la faculté de ne pas parler que de lui. C’est le genre de mec qui peut se pointer à table avec nous et te demander ton job en buvant un canon.

Diego : Si tu as un album des années 80 à mentionner, lequel ?

Romain Humeau : C’est marrant parce qu’à une époque on critiquait les années 80 et maintenant on y revient. J’écoutais Téléphone à mes 11 ans mais pour moi les 80’s c’est Depêche Mode, The Cure et Pixies. En 1986 j’écoutais « Songs from the big chair » de Tears for Fears. « Shout » et « Everybody wants to rule the world » sont des tubes. Je pourrais aussi citer Spandau Ballet et le « True » d’anthologie qui a été utilisé côté réverbérations par Pixies dans « Surfer rosa ».

Plus tard j’ai aimé Nirvana mais je suis 100 fois plus Pixies. Les harmonies sont très importantes et recherchées. Il faut qu’une chanson surprenne, XTC est une de mes références. Il faut harmoniquement déranger la musique.

Mais j’aime aussi Bach et Verdi…

Diego : En 2018 EIFFEL aura 20 ans. Y’aura t’il des surprises ?

Romain Humeau : Il y aura un album et une tournée. EIFFEL est un groupe de rock. Nous n’avons pas splité après 40 ans. On est bien ensemble. Je ne crois pas plus en EIFFEL qu’en ROMAIN HUMEAU. Certains me disent que l’un est une marque, pas l’autre. Moi je veux laisser quelque chose de sérieux. Il faut revenir avec un très beau disque en toute humilité. Le prochain EIFFEL va déménager sans être crétin.

Diego : Tu as quasiment toujours un disque d’avance dans tes compositions ?

Romain Humeau : J’avais un disque, maintenant j’en ai deux grâce au retard des deux volumes de « Mousquetaire ». Tout devait être sorti en 2017. En 4 ans j’ai produit 4 disques et sévi sur 6. C’est mon job.

Diego : Romain, merci pour cette interview. Rendez-vous à TOTAL HEAVEN le 6 février pour un show case et le lendemain à Sortie 13 – PESSAC pour la RELEASE PARTY de « Mousquetaire #2 » qui sort le 25 janvier 2018.

Lien de l’événement, cliquez ici !

Romain Humeau : Merci. J’espère également un concert à Bordeaux en septembre…

 

 

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